Antoine-Laurent de Lavoisier (1743-1794) et la naissance de la physiologie respiratoire | Thorax
Antoine Lavoisier est né à Paris le 26 août 1743 dans une famille de riches marchands. Il a reçu une excellente éducation de base au prestigieux Collège Mazarin, puis il a étudié le droit.1 En outre, il a suivi des cours volontaires dans de nombreuses matières scientifiques., Cependant, deux éminents scientifiques ont initié Lavoisier en sciences naturelles: Guillaume-François Rouelle (1703-1770) en chimie et Jean-Etienne Guettard (1715-1786) en géologie, contribuant en 1765 au premier article de Lavoisier à l’Académie royale des Sciences, sur le gypse.2 en 1769, il est élu membre de l’Académie des Sciences pour son Essai sur les meilleurs moyens d’éclairer les rues de Paris la nuit et en reconnaissance de ses recherches antérieures.,2 à cette époque, il devient membre et investit sa fortune dans les fermiers généraux (tax farm), une société privée de financiers mandatés par le gouvernement français pour percevoir les péages et les impôts. Ses revenus lui ont permis de poursuivre ses expériences. En 1771, Lavoisier épouse Marie-Anne Pierrette Paulze (1758-1830) qui devient sa collaboratrice, traduisant pour lui les travaux de scientifiques britanniques et illustrant ses expériences pour ses livres.,1
parmi ses réalisations, il a publié une nouvelle nomenclature pour la chimie; a donné son nom à l »oxygène; a découvert la composition de l » eau; clarifié le rôle de l « oxygène dans la combustion et l » oxydation; exploré les mécanismes de formation d « acide et de décomposition de l » eau; et établi un système métrique de poids et mesures.1
dès le début des années 1780, Lavoisier s’était intéressé au processus respiratoire. Son hypothèse était que la combustion et la respiration étaient une seule et même et la combustion se produit avec chaque instance de respiration., En 1784, avec son ami Pierre-Simon Laplace (1749-1827), il conçoit un ingénieux calorimètre à glace pour mesurer la quantité de chaleur émise lors de la combustion et de la respiration.3 Cet appareil se composait de trois chambres: la chambre intérieure contenait la source de chaleur, un cobaye vivant ou un morceau de charbon brûlant; la chambre centrale contenait une quantité spécifique de glace pour que la source de chaleur fonde; et la chambre extérieure contenait de la neige tassée pour l’isolation. De plus, ils ont connecté un manchon dans un récipient séparé pour recueillir « l’air fixe » qui a été émis lors de la combustion ou de la respiration., Ils ont mesuré la quantité quantifiable et spécifique d’air calorique et « fixe » produite pendant la respiration et ont conclu que la respiration est une combustion qui se produit dans les poumons et permet à l’animal vivant de maintenir sa température corporelle au-dessus de celle de son environnement.3
Mais une question s’est posée. L’oxygène consommé pendant la respiration pourrait-il être mesuré? Pour y répondre, Lavoisier se tourna vers un volontaire, le jeune chimiste Armand Séguin (1764-1835)., Au cours de l’expérience, Séguin respirait de l’oxygène à travers un tube dans un masque étanche à l’air et Lavoisier mesurait la quantité de gaz utilisée par Séguin, la vitesse de sa respiration et son pouls au cours d’une heure. Le niveau d’oxygène consommé variait en fonction de ses activités: il avait besoin de plus d’oxygène pour faire de l’exercice que pour se reposer, plus pour manger que pour jeûner et plus pour s’asseoir dans une chambre froide que dans une chambre chaude. Son pouls et sa fréquence respiratoire variaient too2, 3 (figure 1).,
Les expériences de Lavoisier sur la respiration ont constitué un pilier fondamental pour le développement de la physiologie respiratoire. Cependant, ses recherches s’arrêteront brusquement à la suite du règne de la Terreur, une période de violence qui a eu lieu après le début de la Révolution française. Lié à l’Ancien Régime par le biais de la ferme fiscale, Lavoisier est exécuté à la guillotine dans l’après-midi du 8 mai 1794 après un procès de quelques heures par le tribun révolutionnaire.,1 peu après, son ami, le mathématicien Joseph-Louis Lagrange (1716-1813), rend hommage à Lavoisier en déclarant: « Il ne leur a fallu qu’un instant pour couper cette tête, et 100 ans ne peuvent pas produire une autre comme elle”.4