politique étrangère
pendant les 20 premières années de son règne, Philippe a cherché à préserver la paix avec ses voisins d’Europe occidentale. Il mène une grande guerre navale avec l’Empire Ottoman en Méditerranée et, à partir de 1568, il est confronté à la rébellion et à la guerre aux Pays-Bas. À partir de la fin des années 1570, sa politique change progressivement. La mort (août 1578) sans héritiers de son neveu, le roi Sébastien de Portugal, ouvre la perspective de la succession de Philippe au Portugal., Il a dû conquérir (1580) par la force ce qu’il considérait comme ses droits justes et héréditaires, mais le reste de l’Europe était alarmé par cette croissance de la puissance espagnole.
L’Angleterre et la France ont apporté un soutien croissant aux provinces rebelles des Pays-Bas. Peu à peu, dans les années 1580, Philippe devint convaincu que la religion catholique en Europe occidentale et sa propre autorité aux Pays-bas ne pouvaient être sauvées que par une intervention ouverte contre L’Angleterre et la France. À cette fin, il équipa l’Armada qui, avec l’aide de l’armée espagnole aux Pays-Bas, était destinée à conquérir L’Angleterre (1588)., Il envoie de l’argent et des troupes pour soutenir la Sainte Ligue, le parti ultra-catholique en France, contre Henri de Navarre et les Huguenots. Il a même revendiqué le trône de France pour sa fille, Isabella Clara Eugenia, après le meurtre d’Henri III en 1589. Encore une fois, même ses alliés catholiques ont eu du mal à faire la distinction entre le championnat de Philippe de l’Église catholique et les intérêts de l’Espagne.
Tous ces plans ont échoué. Henri de Navarre devient catholique (1593) et Philippe doit accepter (paix de Vervins, 1598) sa succession comme Henri IV de France. L’Angleterre et Les Pays-bas du Nord sont restés protestants et invaincus. Pourtant, Philippe règne n’a pas été un échec., Il avait vaincu la grande offensive ottomane en Méditerranée à la bataille de Lépante (1571). Dans la péninsule ibérique, il avait achevé le travail d’unification commencé par les « monarques catholiques”, Ferdinand et Isabelle. Le plus important de tous, à ses propres yeux, il avait remporté de grandes victoires pour l’Église catholique. Si L’Angleterre, L’Écosse et Les Pays-bas du Nord ont été perdus, Les Pays-bas du Sud (Belgique moderne) ont été préservés. En Espagne et en Italie, il avait empêché la propagation de l’hérésie, et son intervention en France était l’un des facteurs qui ont forcé Henri IV à devenir catholique.,
lorsque Philippe II mourut d’un cancer à L’Escorial en 1598, L’Espagne était encore au sommet de sa puissance; il fallut près de 50 ans avant qu’il ne soit clair que la Contre-Réforme ne ferait plus de grandes conquêtes.
Helmut Georg Koenigsberger